Le Relecq-Kerhuon,
commune de Brest Métropole,
mars 2016.
L'affaire
commence, pour le public, par des articles dans la presse locale ,
signalant ce qui s’annonce comme un scandale de salaires
mirobolants, frôlant le détournement de fonds publics. Le directeur
du SIVU de l’Elorn, une structure para-publique qui gère trois
établissements pour personnes âgées pour les communes du
Relecq-Kerhuon et de Guipavas, s’est en effet vu largement
augmenter en une année d’exercice passant de 1600 à 3000 euros de salaire. La Cour Régionale des Comptes
s’en alarme dans un rapport qui accable l’ensemble de la gestion
du SIVU.
Les titres de la presse sont sans appel : pas de
conditionnel, le directeur est déjà coupable, jeté en pâture par son propre
président, Yohann Nedelec, maire du Relecq-Kerhuon (et siégeant
déjà au CA de la structure au moment de l’embauche puis de
l’augmentation du directeur).
Le directeur est
poussé vers la sortie, et le maire, se faisant tout à la fois juge
d’instruction et justicier, lui réclame le trop-perçu.
Fin de la version
connue du public.
Un membre de CICERO,
alors salarié du Conseil Départemental, est en fait déjà en train
d’enquêter sur ce SIVU, dont la structure juridique est problématique
et les budgets incohérents.
Il va découvrir que, pour remplacer le
directeur trop gourmand, Yohann Nedelec a embauché en intérim son
propre premier adjoint et ami, Renaud Sarabezolles, qui
n’est autre que l’époux de Nathalie Sarabezolles, Présidente du Conseil
Départemental, principal financeur du SIVU. L’embauche a été validée par le Centre de Gestion du Finistère,
dont Yohann Nedelec est également le président.
Des lanceurs d’alerte
communiquent alors la feuille de salaire du directeur par intérim :
ses salaires sont plus élevés que ceux du directeur éjecté.
Stupéfait devant le
procédé, notre enquêteur interpelle publiquement les trois élus :
Yohann Nedelec, Renaud Sarabezolles et Nathalie Sarabezolles,
demandant la démission sous un mois du directeur par intérim.
Quelques semaines
plus tard, notre enquêteur perdait son emploi au Conseil
Départemental, au motif avoué par le cabinet même des soucis qu’il
pose au mari de la Présidente. Plus tard, lorsque ce licenciement se retrouve au tribunal administratif, le motif invoqué officiellement sera... la révélation par notre enquêteur des emprunts toxiques faits par le Conseil Départemental.
La mission par
intérim de Renaud Sarabezolles, dans ce contexte délétère, est
reconduite, à notre étonnement : en effet, le président du
SIVU et maire du Relecq-Kerhuon ne peut plus prétendre ignorer à ce
stade les soucis moraux et légaux posés cette embauche.
On rappelle que Renaud Sarabezolles cumule alors cet emploi à plein temps et son indemnité d'adjoint au maire, la plus importante de sa commune (à part le maire, Yohann Nedelec). Les deux compères se sont d'ailleurs largement augmentés en 2014, au début de ce nouveau mandat.
Malgré sa perte d'emploi, notre enquêteur refuse de baisser
les bras, et poursuit les démarches pour obtenir les documents
permettant de saisir le Procureur de la République. En effet, nous
avons appris entre-temps que Renaud Sarabezolles ne possédait pas
les diplômes prévus par la loi et le Code de Santé Publique pour
exercer sa mission de directeur par intérim. La CADA, saisie, demande la communication de plusieurs pièces au SIVU.
La mission d’intérim
va se poursuivre jusqu’à janvier 2017. En février 2017, notre
enquêteur dépose une saisine pour soupçons de corruption auprès
du Procureur de la République, 110 pages de documents étayant la
demande d’enquête. Nous attendons toujours une réponse.
A SUIVRE...